Eglise de Gazeran

Église Saint Germain d’Auxerre

La paroisse de Gazeran remonte, comme celle de Rambouillet et Hermeray à la fin du règne de Pépin le Bref en 768. Elles relevaient des moines de Saint Denis, possesseurs de la Forêt de Rambouillet. La première était donc carolingienne et des murs ont été retrouvés lors des travaux en 1986. La construction date du XIème  siècle et elle fut remaniée à plusieurs reprises.

La nef centrale, avec abside semi-circulaire, est la plus ancienne (XIème siècle).

Le clocher fut ajouté ensuite (XIIème et XIIIème siècle).

Puis le mur et les quatre nefs latérales furent bâties (XVIème siècle)  perpendiculairement à la nef d’origine.

Ces travaux furent effectués spécialement sous l’administration des Comtes de Montfort et sous François 1er. Des chapiteaux portent les dates de 1064, 1150, 1544 et 1632.
Pendant le Haut Moyen-Age, l’église fut desservie par les moines de Marmoutiers représentés par le prieur Saint Thomas d’Epernon. Cette dépendance résultait de ce que le seigneur du lieu, Amaury de Montfort, avait recherché le concours de son ami Albert, abbé de Marmoutiers. Comme toutes les églises de la région, elle appartenait au diocèse de Chartres et était dédiée à Saint Germain d’Auxerre qui vécut au Vème siècle. Il est le patron des chasseurs antérieurement à Saint Hubert.
Gazeran devint ensuite châtellenie de la famille de Prunelé qui en fut titulaire pendant plusieurs siècles et dont les armes (un écu à 6 annelets disposés trois, deux, un) figurent sur l’église en particulier au dessus du portail. Des rivalités d’héritage firent aboutir le domaine à la famille du Comte de Toulouse, propriétaire du château de Rambouillet.

VITRAUX

Les anciens vitraux, datant du XVIème, sont dans la nef centrale. Celui du fond représente trois scènes de la vie de Moïse: remise des tables de la loi, adoration du veau d’or, jaillissement de l’eau du rocher de Réphidim. Le second est composé de pièces diverses.
Dans les nefs latérales, trois médaillons, de même époque, montrent Dieu le Père créateur, la tentation d’Adam et Eve et le combat de Jacob et de l’Ange.
Les vitraux datant du début du XXème siècle représentent l’annonciation, diverses scènes de la vie de Saint Germain, en particulier sa rencontre avec Sainte Geneviève, ou encore Saint Georges terrassant le dragon. Au fond de l’église, l’Agneau aux sept sceaux a été remis en valeur au centre d’un grand vitrail.

PEINTURES ET SCULPTURES

Toute l’église était peinte mais les fresques ont disparu au 19ème siècle. Il n’a été possible de dégager que les restes d’une fresque du 16ème siècle représentant une scène de fête et des traces de peinture ocre sur les pierres. On voit aussi des traces noire de la litre, cette bande qui entourait l’église et sur laquelle on peignait les armes des seigneurs. Les croix de consécration d’origine apparaissent à plusieurs emplacements.
Deux tableaux ont été remis en valeur: la « cruxifixion » (école de Delacroix) et le « Baptême du Christ ».
La cuve baptismale est en pierre de même que le bénitier proche du portail. Le petit bénitier à l’entrée a été retrouvé dans les murs et restauré en l’état.
Les clés armoriées des nefs annexes évoquent la famille des Prunelé et des défunts inhumés sous la pavage. L’une d’elles portant trois pommes de pin n’a pu être identifiée.

STATUES

Une vierge en bois de facture bourguignonne, remontant au XVème siècle, se trouve en haut de la nef latérale. Visage foncé, elle est vêtue d’une robe brune et d’une manteau drapé, avec des garnitures dorées. On a émis l’idée qu’elle appartiendrait peut-être à un groupe aujourd’hui disparu, sans doute une poutre de gloire comme semble l’indiquer son attitude.  

Deux autres statues de même époque ont été retrouvées dans les gravats supportant l’ancienne sacristie. Elles sont sans tête. La première, polychrome, représente Saint Gilles et sa biche. La seconde n’a pu être identifiée avec certitude ; il s’agit d’un médecin (St Côme ? St Damien ? …). Elle est intéressante par la qualité du drapé.

ORGUE

En 2002, le Père Amaury Sartorius, curé et musicien, fait acheter un orgue de chœur qui se trouvait dans la chapelle de l’hôpital Corentin Celton totalement restaurée. Sans cet achat, le monument rare risquait d’être vendu en pièces détachées.
Cet orgue se révéla d’une grande valeur historique, d’abord puisqu’il date probablement de 1827, époque où l’Eglise se remettait à vivre après la tourmente révolutionnaire. Valeur musicale aussi par la qualité des tuyaux. Valeur esthétique par le mobilier en chêne en parfait état. Valeur liturgique enfin puisque le musicien, tourné vers le public, peut suivre pleinement la célébration.
La restauration minutieusement effectuée par Pierre Maciet, facteur d’orgues à Montainville, près de Thoiry, a permis la réinstallation puis la bénédiction et l’inauguration de l’instrument en 2002.
C’est donc une œuvre de grande qualité qui enrichit le patrimoine de cette église.

LE CLOCHER

Datant du XIIème ou XIIIème siècle, il comprend une tour carrée, agrémentée d’une tourelle qui, percée de meurtrières, est munie d’un escalier à vis.
Sa base, aujourd’hui sacristie, fut peut-être la chapelle seigneuriale et est ornée d’une croisée d’ogives sur deux arcs plein cintre.
Autrefois, le clocher abritait trois cloches. L’une s’est brisée en tombant à l’époque de la Révolution. La seconde, Rosalie, a été vendue à la paroisse de Saint-Hilarion et n’existe plus maintenant. Quant à la troisième qui portait la date de 1224, elle a été transportée à Prunay-en-Yvelines. La cloche actuelle, fêlée le 8 mai 1945 dans l’ardeur de célébrer la capitulation allemande, a été refondue et baptisée en août de cette même année.

RESTAURATION

D’importants travaux étalés de 1971 à 1989 ont permis de restaurer l’église dans un état proche de ses origines. La voute, détruite en 1861, a été refaite à l’identique. Les nefs latérales ont été réenduites et les voûtes peintes en bleu pâle. Une sacristie ajoutée au XVIIème ou XVIIIème siècle a été détruite, ce qui a permis de dégager les vitraux et de retrouver une partie de l’enduit extérieur d’origine (visible sur l’abside).
Les murs font apparaître diverses tentatives d’agrandissement des fenêtres et des pierres des oculus qui éclairaient la nef originelle. On a pu aussi dégager deux piscines (dans le chœur et sur le mur de la nef), deux niches pour des statues et un emplacement qui a pu être un enfeu ou un autel.
Ces travaux ont permis de rouvrir deux meurtrières obturées durant des siècles, près des fonts baptismaux et dans la nef centrale, ainsi que la porte des morts, vestige typique du Moyen Age.
Un autel en pierre a été mis en place dans l’abside centrale. Il a été consacré en 1989 par Mgr Thomas, évêque de Versailles, à l’initiative du Père Saïd, curé à ce moment.

CHEMIN DE CROIX

Lorsque les travaux de restauration de l’église furent achevés en 1990, la question d’un chemin de croix se posa. Objet de dévotion des fidèles, le chemin de croix est apparu tardivement dans les églises du XIXème siècle. Comment trouver un chemin de croix qui s’insère naturellement dans le cadre d’un édifice médiéval ? Le hasard des rencontres et des conversations nous conduisit vers Claude Baillon, enfant du village devenu maître-verrier, qui, en compagnie de sa femme avait déjà réalisé de tels ouvrages.
L’artiste chercha d’abord à intégrer son œuvre dans les parois nouvellement enduites en provoquant le minimum de rupture. Ceci explique son choix de motifs sans fond, sinon le mur lui-même, portés par un altuglas transparent. Il fallait ensuite un matériau coloré et chaud. L’artiste choisit une tapisserie avec des laines spécialement traitées comme pour les œuvres réalisées à Aubusson. Puis il retint l’idée de mettre en valeur essentiellement la Croix. C’est donc le motif que l’on retrouve dans toutes les stations sauf la première (condamnation à mort), la dixième (Jésus dépouillé de ses vêtements) et la quatorzième (la mise au tombeau). Tous les autres personnages, autres que le Christ qui fait corps avec la Croix en ce jour de souffrance, sont suggérés par de simples lignes (Marie, Véronique, les filles de Jérusalem…). Cette croix parle d’elle-même et les diverses positions servent à exprimer le sujet de la station par ailleurs brodé sur la tapisserie. Mais en plus de la position, la couleur, étonnamment diversifiée et nuancée, contribue aussi dans chaque station à l’expression de la scène. Nous ne donnerons ici aucun commentaire mais que chacun interroge sa sensibilité, et chaque station deviendra de plus en plus éloquente. Cette richesse de la couleur est probablement l’un des éléments essentiels de l’œuvre ici réalisée.
Enfin, il avait été demandé à l’artiste que le mystère pascal, qui est mort et résurrection, soit totalement exprimé. D’où la quinzième station. Placée à part, près du chœur, elle est sensiblement plus grande que les autres. Par ailleurs tout s’inverse. Jésus a vaincu la mort. La croix s’efface, devient transparente tandis que toutes les couleurs chantent la joie d’un peuple multiple et divers, transporté par le Salut que l’Homme-Dieu vient de lui apporter en triomphant de la mort.

ENVIRONS

Derrière le cimetière se trouve « le Castel » , une propriété qui héberge un centre médico-éducatif pour jeunes handicapés. Il abrite un pigeonnier rond du XVème siècle. La ferronnerie fixée au mur qui surplombe le cimetière provient de la rosace de l’église et a été installée là au XIXème siècle.
Le château ancien ne garde de l’époque que son entrée fortifiée portant les armes des Prunelé. Le comte de Toulouse utilisa les pierres du château pour son domaine de Rambouillet, en particulier pour les canaux.

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Lectures du jour

  • Première lecture : « L’Évangile que j’ai proclamé, ce n’est pas d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par révélation de Jésus Christ » (Ga 1, 6-12)
  • Psaume (Ps 110 (111), 1-2, 7-8, 9.10c)
  • Évangile : « Qui est mon prochain ? » (Lc 10, 25-37)

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