Groupement Paroissial de Gazeran

Les cloches de Saint Hilarion

Les cloches : de la prière aux canons

Le bruit des cloches a, universellement, un pouvoir d’exorcisme et de purification. Il éloigne les influences mauvaises, ou du moins avertit de leur approche. La position du battant évoque la position de tout ce qui est suspendu entre terre et ciel et qui établit une communication entre les deux.

Dans la chrétienté, la première et principale fonction d’une cloche, est de rassembler les fidèles dans l’église. Résonner plus haut, prêcher au peuple, l’appeler à la prière, le convier aux offices solennels, à la messe, aux vêpres, aux laudes, telle fut en effet de tous temps, la principale mission ecclésiastiques des cloches. « L’Europe des cloches » verra le jour sous l’impulsion de Charlemagne qui en sera d’une certaine manière, le fondateur. Il édictera auprès des prêtres de son empire une réglementation pour la sonnerie des cloches à certaines heures du jour et de la nuit.

En 801, lors du concile d’Aix-la-Chapelle, il est décrété que seuls les prêtres seront habilités à les faire sonner. Le pape Sabinian (successeur de St Grégoire en 604) fut le premier à utiliser la cloche pour annoncer les offices.  

La cloche indique la division du temps. En effet, avant l’installation d’une horloge dans la ville, à partir du XIVème siècle, et seulement dans les grandes villes comme Paris, il n’y avait que le cadran solaire pour indiquer l’heure.

Pourtant signe de rassemblement populaire, les cloches paieront un lourd tribut sous la Révolution. Le 14 décembre 1789 est supprimée la noblesse de cloche. Cette charge fut donnée aux descendants des maires et des échevins qui, en leur qualité d’officiers municipaux, étaient chargés de faire sonner la cloche civile. Mais c’est surtout le métal des cloches qui va attirer la convoitise de certains députés nouvellement installés. En août 1791, la situation économique de dégradant, une instruction ordonna de transformer les cloches en monnaie. Mais le mouvement est long à démarrer. Dès septembre de la même année, seulement quelques cloches (du prieuré de St Cyr) seront descendues de leur clocher et envoyées à Versailles. La première livraison (17 cloches) ne représentait que 2 tonnes de bronze. Pour des raisons économiques la monnaie « sonnante » se fait rare, laissant place au papier monnaie : les assignats. La transformation des cloches en pièces de monnaie va progressivement ralentir.

En 1792, « l’ennemi de la République est aux frontières, il faut le repousser et l’anéantir ». Les canons deviennent indispensables. Les statues en bronze vont être systématiquement pillées pour être converties en « bouches à feu ». Le 23 juillet 1793, François Aubry, capitaine d’artillerie et député du Gard, propose à la Convention le fameux décret qui ne devait laisser qu’une seule cloche dans chaque paroisse, remettant toutes les autres à la disposition du ministre de la guerre.

Extrait du journal révolutionnaire d’Herbert ‘’Le Père Duchesne’’ n°1
«…Il y aura de quoi faire des canons superbes avec cette matière là, et de quoi f….le tour à tous les aristocrates. Dépendons donc ces cloches, ces machines inventées par les bougres de moines, pour étourdir tous ceux qui ne partagent pas leur austérité. Pourquoi, d’ailleurs, conserverions nous ces cloches ? A quel usage ? Je finis en faisant la motion qu’on laisse cependant partout des cloches en nombre suffisant, pour sonner le tocsin sur de pareils Jean-f…( le clergé).»

La « transhumance » des cloches à travers notre département est menée tambour battant. La première arrive à St Germain-en-Laye le 14 septembre1793. A peine un mois plus tard, 70 cloches seront en attente d’être fondues.

Lettre du 11 mai 1793 , de l’évêque de Versailles aux citoyens magistrats du peuple : « ……J’ai appris que des ordres étaient donnés pour la descente des cloches qui se trouvent dans l’église cathédrale. …….L’unique objet de cette lettre, citoyens magistrats est de vous prier de laisser subsister pour le service de l’église Notre Dame, la plus grosse des cloches qui s’y trouvent et une des moyennes. Je crois que cette condescendance de votre part contribuera beaucoup au maintien de cette paix intérieure que nous aurions tous, sans nuire au bien général de la patrie à laquelle nous sommes également disposés à faire tous les sacrifices possibles….. Votre concitoyen.» J.J. Avoine , Evêque du département de Seine et Oise.

Après le concordat de 1801 et le rétablissement du culte, on va se préoccuper de remplacer les cloches fondues pour les besoins de la patrie, afin de convier les fidèles. De nombreux villages vont faire refondre leur unique cloche pour en réaliser deux plus petites, ce qui aura pour conséquence la quasi disparition du patrimoine campanaire ancien.

A Saint Hilarion

En ce qui concerne plus spécifiquement l’église de St Hilarion, on trouve trace de deux cloches très anciennes, peut-être du XVème siècle. On sait qu’il en existait une troisième plus grosse, vraisemblablement celle qui a été fondue à la révolution. C’est certainement pour cette raison que M. de Croismard offrit fin 1793 une cloche nommée Marie Rozalie. Grâce à  M. Léon Risch, instituteur et secrétaire de mairie, nous savons que cette cloche était toujours à sa place en 1902. Il avait d’ailleurs relevé dessus l’inscription suivante : « L’an 1793, 2 de la république, j’ai été Bénie par Pierre Lhermite, curé de St Hilarion, et nommée Marie Rozalie Par Jacques-Marie Hypolite Croismard, Fils de Jacques René Croismard et Marguerite Rozalie Gautier, fille de Rémi Gautier. T Buché, maire E. Goumand, J. Blanchard, Offrs Mpaux, et J. Couvé, Pr de la Cne ».

Or en 1909, le clocher de notre  église devait être bien vide, puisque trois familles firent poser trois cloches qui s’y trouvent toujours et sur lesquelles on peut lire les inscriptions suivantes.

Anne Marie Hilarion (Ø 870 mm)

« J’ai été bénite en l’an de notre seigneur 1909, Mgr Charles Gibier étant évêque de Versailles. J’ai eu pour parrain M André Defels et pour marraine Anne-Marie Defels qui m’ont nommée : Anne Marie Hilarion Antoine Andrée ».

M. l’abbé Eugène Blanc est alors curé de St Hilarion, MM Paul Tollu, Robert Regnier et Louis Boeuf membres du conseil paroissial, M. Philippe Chevillard, maire de la commune.

Jehanne d’Arc (Ø 740 mm)

« J’ai été bénite en l’an de notre seigneur 1909, Mgr Charles Gibier étant évêque de Versailles. J’ai eu pour parrain Mr Roger Tollu et pour marraine Melle Marie Tollu qui m’ont nommée Jehanne d’Arc » –  propriété de Mr Paul Tollu

Camille Eugénie Marie (Ø 680 mm)

« J’ai été bénite en l’an de notre seigneur 1909, Mgr Charles Gibier étant évêque de Versailles. J’ai eu pour parrain Mr François Auguste Moisy et pour marraine Mme Léonie Jeanne Tollu qui m’ont nommée Camille Eugénie Marie » – propriété de Mr François Auguste Moisy

Les trois cloches proviennent de A. Farnier Fils, fondeur à Vilars S Ouch près de Dijon – Côte d’Or 

Lectures du jour

  • Première lecture : « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père » (2 S 7, 4-5a.12-14a.16)
  • Psaume (Ps 88, 2-3, 4-5, 27.29)
  • Deuxième lecture : « Espérant contre toute espérance, il a cru » (Rm 4, 13.16-18.22)

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