Groupement Paroissial de Gazeran

homélie du dimanche 26 juin 2016

13ème dimanche du Temps Ordinaire

L’appel d’Elisée par le prophète Elie

 

► LECTURE du Premier Livre des Rois                            9, 16b. 19-21

En ces jours-là, le Seigneur avait dit au prophète Élie : « Tu consacreras Élisée, fils de Shafath, comme prophète pour te succéder. » Élie s’en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafath, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau. Alors Élisée quitta ses bœufs, courut derrière Élie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai. » Élie répondit : « Va-t’en, retourne là-bas ! Je n’ai rien fait. » Alors Élisée s’en retourna ; mais il prit la paire de bœufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l’attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d’Élie et se mit à son service.

Homélie du Père Jacques-Bertrand Robert

 Aujourd’hui, où tant de prêtres ont été ordonnés, en France et dans le monde, et ainsi que nous y incitent les textes du jour, je vous invite à méditer sur le thème de l’appel.

Trois points : l’appel, la liberté et l’engagement.

Nous allons partir de la première lecture. Le Seigneur a dit au prophète Elie : tu consacreras Elisée. L’appel est de Dieu, il vient de Dieu. C’est le seigneur Dieu qui appelle Elisée au travers du prophète Elie. C’est souvent une médiation qui permet l’appel. Ainsi pour ceux qui ont été ordonnés aujourd’hui, c’est sans doute un prêtre qui les a marqués, ou bien la prière familiale quotidienne, ou encore le service de l’autel, l’appartenance à un mouvement d’Eglise. C’est à travers la médiation de personnes rencontrées ou de témoignages entendus qu’ils ont su saisir l’appel de Dieu.

Il en est de même pour chacun de nous. Baptisés, nous sommes appelés par Dieu, à la sainteté. C’est notre vocation. Nous sommes faits pour le Ciel.

Elisée labourait. Il avait douze arpents à labourer et il en était au dernier. Douze, c’est un nombre biblique qui évoque une certaine plénitude : les douze tribus d’Israël, les douze apôtres. Et il en était au douzième. Sa tâche était terminée.

Il peut entendre l’appel du seigneur. L’appel nous rejoint là où nous en sommes. Parfois, c’est dans l’épreuve qu’on entend le Seigneur, parce qu’il a fallu cette épreuve pour que l’appel de Dieu se fasse entendre.

Dans l’Evangile, la rudesse des réponses de Jésus (Laisse les morts enterrer leurs morts) n’est pas pour faire peur mais pour provoquer ses interlocuteurs à entendre l’appel qui leur est adressé.

Elie passe à côté d’Elisée et lui jette son manteau. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé que quelqu’un vous jette son manteau ! Sans doute, cela ne n’aurait pas été très parlant pour vous, mais pour Elisée, à l’époque, c’est parfaitement clair. La preuve, c’est que dès qu’Elie eut jeté son manteau, Elisée quitta ses bœufs pour courir derrière lui. Ce signe du manteau, on le retrouve au baptême : vous avez été baptisés dans le Christ, revêtez le Christ, dit St Paul. Le vêtement blanc qu’on reçoit au baptême, l’aube qu’endossent des enfants de chœur ou le prêtre est le signe qu’il faut entrer dans la vie du Christ pour en vivre pleinement.

Quand Elie jette son manteau, Elisée comprend. D’ailleurs plus tard, quand Elie sera enlevé au Ciel dans un char de feu, il laissera tomber son manteau qu’Élisée récupèrera et revêtira pour reprendre sa suite.

Laisse-moi embrasser mon père et ma mère et je te suivrai

Va-t-en ! Retourne là-bas, je n’ai rien fait !

Ca peut paraître un peu sec. Comme les réponses de Jésus dans l’Évangile. Mais c’est aussi pour laisser une certaine liberté. Élie laisse la liberté à Elisée, d’ailleurs, il ne lui reprend pas son manteau.

Cela rejoint la seconde lecture où St Paul nous dit que c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Mais il ajoute : que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme. C’est un peu comme lorsqu’on a deux chemins devant soi. On peut prendre à droite ou on peut prendre à gauche. Mais tant qu’on n’a pas choisi, on n’est pas libre, on est arrêté.

La liberté est dans l’engagement. St Paul va plus loin : Mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. C’est cela la liberté, sinon, ça ne sert à rien d’être libres qu’à nous mordre et à nous dévorer les uns les autres. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’appel à la liberté est un appel à nous engager dans le chemin du Christ, à nous donner comme lui, à aimer comme lui.

« Il ne demeure que ce qui est donné ». Ainsi les jeunes qui se sont engagés aujourd’hui dans la voie presbytérale ont tout donné. Comme les missionnaires d’autrefois qui partaient pour ne jamais revenir, nous aussi nous sommes appelés à partir, à nous mettre en route, vraiment.

Ainsi dans le Psaume de cette messe, qui est le Psaume des Lévites, des prêtres de l’Ancien Testament, il est dit : J’ai fait de toi mon refuge. Les Lévites n’avaient pas de terre, contrairement aux onze autres tribus d’Israël. Leur territoire, c’est le Temple. A l’époque quand on changeait de territoire, on changeait de dieux, sauf le peuple d’Israël qui a continué à garder le même Dieu, même pendant l’exil. Nous-mêmes, nous sommes en pèlerinage sur cette terre, nous sommes faits pour le Ciel. Est-ce que nous pouvons dire en toute vérité : « J’ai fait de toi mon refuge » ?

Mais revenons à Elisée. Il répond librement. Il lâche tout, il immole ses boeufs et brûle le bois de l’attelage. Il détruit son instrument de travail. Plus de retour en arrière possible. C’est une réponse résolue, radicale. Et puis il offre un grand repas. Il partage. La réponse à l’appel de Dieu est aussi dans le partage avec les autres.

Après cela, Elisée se leva, partit à la suite d’Elie et se mit à son service.

L’engagement est total. Le psaume célèbre cet engagement total en des termes on ne peut plus clairs : « Je n’ai pas d’autre bonheur que toi ». Est-ce que nous sommes persuadés que Dieu est notre seul bonheur ?

Dans l’Evangile, aux hommes qui donnent des excuses pour retarder leur engagement, Jésus répond de manière un peu rude. Mais c’est pour les faire réagir !

Et nous, que faisons-nous de l’appel de Dieu ? Avons-nous écouté les appels à servir ? A aimer à la manière du Christ ? Et où en suis-je, moi ? Nous nous laissons souvent submerger par un tas d’occupations secondaires, il nous faut revenir à l’essentiel. Qu’est-ce qui va mener ma vie ? Et comment vais-je faire de ma vie une imitation de celle du Christ où ma liberté est amenée à se donner pour répondre pleinement à l’appel du Seigneur, car c’est là pour nous la source de la joie et du bonheur, comme dit le psaume : je n’ai pas d’autre bonheur que toi ; tu m’apprends le chemin de la vie ; devant ta face débordement de joie ! A ta droite, éternité de délices !

Eh bien demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer dans cette méditation à laquelle je vous invite cette semaine en vous appuyant sur le psaume, sur les lectures, notamment la première, pour mettre en oeuvre votre liberté chrétienne.

Amen

 

Lectures du jour

  • Première lecture : « L’Église se construisait, réconfortée par l’Esprit Saint » (Ac 9, 31-42)
  • Psaume (115 (116b), 12-13, 14-15, 16ac-17)
  • Évangile : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 60-69)

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